Régime Écossais Rectifié

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Les néo-coëns, exégètes de « l’enfumage » et ministres du travestissement de la doctrine de Martinès de Pasqually

In Franc-maçonnerie, Martinès de Pasqually, Régime Ecossais Rectifié on 27 septembre 2019 at 22:21

Fonds Prunelle de Lière 1

« Le principe des ténèbres est venu se mêler à ces voies et y produire cette innombrable multitude de combinaisons différentes qui tendent toutes à obscurcir la simplicité de la lumière.»

(L.-C. de Saint-Martin, Ecce Homo, § 4).

 

Dans la préface de Serge Caillet, qui semble être devenu le préposé officiel aux présentations des ouvrages traitant de ces sujets, et qui d’ailleurs, « au vrai », s’y connaît assez bien en matière « d’enfumage » des circonférences [1], préface ouvrant le livre de Dominique Vergnolle qui vient de paraître sous le titre « Martines de Pasqually et les élus coëns, exégètes et ministres du judéo-christianisme » (Les Éditions de la Tarente, 2019), qualifie cette publication de « chef-d’œuvre » (sic).

Or s’en est un en effet, mais non dans le sens supposé par Serge Caillet, car il s’agit surtout d’un « chef-d’œuvre » dans l’art de répandre des écrans de fumée, dans l’usage des contresens et des dissimulations, et notamment « chef-d’œuvre » d’expert, il faut hélas ! l’avouer et le constater, en travestissements, opinions personnelles et interprétations faussées de la doctrine martinésienne.

Tout a déjà tellement été dit et redit sur ces questions ces dernières années, qu’il semble superflu d’avoir à y revenir une fois encore, les réseaux sociaux conservant encore l’écho des débats animés et passionnés qui s’y sont déroulés. Mais cette publication – constituée en majeure partie d’articles qui furent diffusés depuis 2011 par celui qui signait alors « Esh494 » sur son blog dit d’un « martinésiste chrétien », articles depuis retirés d’internet au profit d’une méthode de vente en direct du producteur au consommateur, si l’on peut dire, transformant son espace de communication en petite échoppe commerciale intitulée « la boutique de Esh » (sic) – pourrait faire impression auprès des lecteurs non avertis, et afin qu’ils ne tombent point dans le piège grossier que constitue ce livre, nous jugeons utile d’éclairer les artifices argumentaires employés dans les pages de cet ouvrage poursuivant, en mode néo-coën, l’identique entreprise engagée par Jean-François Var en mode néo-willermozien, c’est-à-dire refuser obstinément, ou à peine, d’admettre les difficultés présentées par les thèses véhiculées par Martinès et ses disciples, en tentant, désespérément, d’en faire admettre « l’orthodoxie », ou du moins le caractère de compatibilité et d’admissibilité au regard des enseignements de l’Église. Or, comme le fait justement remarquer Dominique Clairembault dans son analyse critique : « le martinisme n’est pas une théologie, il relève de la théosophie où la question de l’orthodoxie ne se pose pas en ces termes. Au contraire, l’originalité de la théosophie consiste à ajouter des éléments qui ne figurent pas dans les textes canoniques pour apporter un éclairage nouveau, et sur ce point, Martines de Pasqually est assez prolifique. Le cas de la seconde postérité de Noé, qui joue un rôle important dans la symbolique du Traité, est symptomatique. » [2]

I. Les raisons cachées de l’attitude trompeuse et de la stratégie mensongère

L’exercice visant à rendre compatibles les thèses martinésiennes avec l’enseignement de l’Église, relève donc de l’acrobatie intellectuelle qui  n’hésite pas à faire usage d’épaisses contrevérités et d’une grosse dose de mauvaise foi, cette pratique de la corde raide étant motivée par une raison bien simple que D. Vergnolle  et J.-F. Var en charge de responsabilités – présentes ou passées au sein du Grand Prieuré des Gaules – se gardent bien de confesser ouvertement, mais qui est pourtant le mobile foncier de leur entreprise, c’est que si les thèses que l’on trouve à l’intérieur du Régime écossais rectifié provenant, via Jean-Baptiste Willermoz, de Martinès de Pasqually, venaient à apparaître pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire d’authentiques propositions puissamment hétérodoxes et à bien des égards hérétiques, depuis toujours condamnées par les pères, les docteurs et théologiens de l’Église, c’est toute leur ardente activité dans les domaines initiatiques qui viendrait non seulement à être frappée d’illégitimité, mais, plus sérieusement, tomberait brutalement sous le coup des censures et interdits ecclésiastiques, qu’ils ne se privèrent pas, lorsque l’occasion leur en fut offerte, de fulminer à tour de bras à l’encontre de leurs adversaires théoriques. En quelque sorte, éviter de se retrouver pour eux dans la situation très inconfortable et tragicomique de l’arroseur arrosé.

On comprend, dès lors, beaucoup mieux la raison de la singulière énergie avec laquelle, ces fervents avocats en milieu maçonnique d’un respect des « dogmes intangibles » de l’Église [3], s’agitent comme des forcenés, afin de justifier l’injustifiable, puisqu’il en va, concrètement, de leur présence en des lieux où, en théorie avec ce qu’ils défendent, ils ne devraient pas être, ni encore moins « opérer », en se livrant allègrement à des rituels relevant des méthodes magiques douteuses provenant de transmissions infectées de l’occultisme le plus crasseux. Tel est le singulier paradoxe de leur situation.

II. Raisonnement de base vicié fruit d’une ignorance radicale de la notion de « nécessité »

La nette distance d’avec l’ontologie martinésienne véritable, provient – comme le mit en lumière Jean-Marc Vivenza dans l’étude fondamentale consacrée au sujet, à savoir « La doctrine de la réintégration des êtres » (La Pierre Philosophale, 2012), auteur qui est d’ailleurs le grand absent du point de vue des références du livre de Dominique Vergnolle, alors que ce dernier pourrait, au minimum, le remercier de l’avoir conduit à rédiger ses articles publiés alors sur son espace virtuel, articles devenus livre aujourd’hui, de façon à répondre à une mise en lumière de la doctrine de Martinès rendant problématique une posture affichée et revendiquée d’attachement à la foi commune de l’Eglise et une adhésion aux thèses des élus coëns, omission qui en dit long au passage sur l’honnêteté intellectuelle du « judéo-chrétien martinésien » [4] qui, rappelons-le pour les esprits oublieux, n’avait pas hésité avant la parution du livre de J.-M. Vivenza en 2012, et sans même l’avoir lu, à le critiquer avec une rare vigueur [5] -, d’une patente ignorance de ce qui encadre l’ensemble de la perspective du Traité de Martinès, soit la notion de « Création nécessaire ».

En effet, bien obligé, même si l’on sent bien que c’est à contrecœur, d’aborder la question de la « nécessité » qui entoure, encadre et préside à l’ontologie de la Création chez Martinès, le premier chapitre est ainsi un modèle du genre dans l’évitement, la falsification et le paralogisme dont Dominique Vergnolle s’est fait une habitude.

La question de la « nécessité » est centrale chez Martinès, comme au Régime écossais rectifié dont elle est l’une de thèses premières des Instructions secrètes de la Classe non-ostensible, pourtant Dominique Vergnolle, soit par ignorance des notions théologiques touchant à la Création, soit par volonté de déni, passe complètement à côté du sujet, les pages 33 à 44  de son livre qui devraient présenter le cadre doctrinal du Traité, étant en fait un exercice de contournement total de la question. Or, si le sujet n’est pas abordé, connu, et étudié, c’est tout le contexte de l’ontologie martinésienne qui demeure impensé, et donc la doctrine qui est incomprise, travestie et déformée au profit d’élucubrations diverses et variées très éloignées de l’enseignement des élus coëns.

a) Omission des passages faisant difficulté chez Martinès de Pasqually

Rappelons que pour penser correctement la doctrine martinésienne, il faut d’abord et avant tout, reconnaître et admettre, comme le firent tous les disciples de Martinès au XVIIIe siècle sans exception, le caractère de « nécessité », tant dans la constitution de l’Univers matériel conçu pour servir de prison aux démons, que dans l’émanation glorieuse que la création matérielle d’Adam, situant la doctrine de Pasqually dans un climat métaphysique et spirituel de « contrainte » tout à fait étranger aux positions dogmatiques de l’Église au sujet de la Création.

Et c’est en cela que réside le problème le plus important et la difficulté principale dont toutes les autres découlent, faisant qu’il est absolument impossible de faire rentrer dans le cadre des définitions dogmatiques et conciliaires la doctrine de Martinès, sauf à « opérer » sur elle de tels contresens qui aboutissent à la constitution d’une position qui n’est plus martinésienne mais relève du roman de science-fiction et de la littérature pseudo-inspirée, en quoi se résume d’ailleurs le travail de Dominique Vergnolle.

Voilà en quoi consiste l’aporie foncière de l’entreprise du « judéo-chrétien martinésien », qui ne peut que surprendre, pour ne pas dire sérieusement choquer ceux qui sont attentifs au respect des concepts propres à la doctrine de la réintégration [6].

*

Il sera de ce fait inutile au lecteur de tenter de retrouver les passages problématiques du Traité de Martinès, relatifs à la notion de « nécessité » dans le livre de Dominique Vergnolle, car ils n’y figurent pas, ils sont passés sous silence au profit d’un verbiage délayé qui a pour finalité de faire disparaître le problème.

Or, les affirmations de Martinès touchant à la « nécessité » de l’Univers créé sont claires et exprimées de manière incontestable en plusieurs endroits de son Traité dont particulièrement ce passage :

« Sans cette première prévarication, aucun changement ne serait survenu à la création spirituelle, il n’y aurait eu aucune émancipation d’esprits hors de l’immensité, il n’y aurait eu aucune création de borne divine, soit surcéleste, soit céleste, soit terrestre, ni aucun esprit envoyé pour actionner dans les différentes parties de la création. » (Traité sur la réintégration des êtres, § 237).

b) Les bases doctrinales martinésiennes oubliées

En quelques lignes, Martinès dans ce passage essentiel, pose les bases doctrinales de son Traité (doctrine, comme déjà signalé, exposée dans les Instructions de la Classe non-ostensible du Régime écossais rectifié), et que l’on peut résumer ainsi :

  • Création du monde matériel rendue « nécessaire » et s’étant imposée à l’Éternel contre sa volonté, en raison de la prévarication des anges rebelles.
  • Création de l’Univers matériel tenant lieu de « prison », non par Dieu directement mais par des esprits intermédiaires.
  • Émanation de l’homme par le Créateur, résultant non pas d’un « don d’amour » et d’un acte gratuit, mais effectuée en conséquence de la révolte des anges rebelles.
  • Incorporisation d’Adam dans une forme de matière « impure » en conséquence de sa désobéissance originelle,
  • Vocation, de par son origine contraire à la volonté première du Créateur, à l’anéantissement de l’ensemble du composé matériel.
  • Impossible spiritualisation de la chair, corrompue et impure, destinée à la dégradation et à la mort, vouée à la disparition et au néant.

Tous ces points sont purement et simplement évacués – le lecteur cherchera en vain quelques allusions à la Création de l’univers matériel, non par Dieu directement mais par des esprits intermédiaires dans le livre de Dominique Vergnolle, thèse issue des courants gnostiques hautement problématique au niveau théologique et violemment combattue par les pères de l’Église [7] – au profit de considérations fantaisistes qui relèvent d’un récit de reconstruction afin de rendre admissibles les positions de Martinès avec les décisions conciliaires, le sommet du paralogisme étant atteint par un tour de passe-passe qui relève des vielles ficelles argumentaires, déplaçant la question de la « Création contrainte » sur l’examen du sens de l’expression « le Créateur fit force de lois sur son immutabilité en créant cet Univers » (Traité, 6) à partir du Dictionnaire Universel Français et Latin imprimé à Trévoux au XVIIIe siècle, qui n’apparaît pas avoir des vertus particulières en herméneutique martinésienne surtout lorsqu’on le cite partiellement et à contresens, examen ondoyant et inexact donc qui aboutit à cette perle, qui n’est malheureusement pas de « grand prix » mais de vil métal conceptuel : « Faire force de lois sur son immutabilité ce n’est pas être contraint par des éléments extérieurs, c’est simplement pour Dieu être ce qu’Il est et justement ne pas subir de contrainte ; agir selon ce qu’Il est et non sous la pression d’événements auxquels il est étranger » (p. 38).

On ne saurait tordre plus faussement la pensée de Martinès de Pasqually et se méprendre sur l’enseignement de son Traité, au point de parvenir à une conclusion qui est aux antipodes extrêmes de l’ontologie doctrinale martinésienne. C’est profondément affligeant et témoigne d’une importante duplicité dans le discours qui participe de grotesques contorsions théoriques malhabiles, et parfois d’aveux quasi naïfs de ce que Martinès ne dit pas, et pour cause – à savoir que « seul l’amour guide l’action de Dieu » (p. 42) -, puisque précisément cette notion de « Création par amour » est étrangère à la pensée du fondateur des élus cöens !

c) Rappel de la doctrine martinésienne

C’est pourquoi, les lecteurs se tourneront de préférence vers Jean-Marc Vivenza qui, dans « La doctrine de la réintégration des êtres », explique le sens des thèses de Martinès, en éclairant ce que signifie réellement l’expression « le Créateur fit force de lois sur son immutabilité en créant cet Univers » (Traité, 6) :

« [Selon Martinès de Pasqually], la création de l’Univers matériel fut imposée à Dieu pour y enfermer les esprits révoltés, de sorte qu’ils soient contenus et emprisonnés dans un cachot en forme de lieu de privation. On voit donc immédiatement la grande différence d’avec la foi de l’Église qui repousse vigoureusement sur le plan dogmatique une telle vision (raison pour laquelle l’origénisme, qui postulait des thèses semblables, fut condamné lors du concile de Contantinople II en 553), insistant constamment sur le bienfait de la Création matérielle, témoignage de l’amour de Dieu à l’égard du monde et de ses créatures, Église qui ne peut que refuser avec force l’idée d’une création de la matière motivée par la nécessité d’y enserrer les démons.

Or, les nombreux passages décrivant cette Création « nécessaire » sont, à l’évidence, extrêmement clairs et précis chez Martinès, qui n’hésite pas à exprimer sa vision à plusieurs endroits du Traité, comme il le fera dans le « Grand discours de Moïse » où il écrit : « Sans cette prévarication, il n’y aurait point eu de création matérielle temporelle, soit terrestre, soit céleste ; (…) Tu apprendras à connaître la nécessité de toute chose créée, et celle de tout être émané et émancipé. » (Traité, 224) ; puis, un peu plus loin déjà cité : « Sans cette première prévarication, aucun changement ne serait survenu à la création spirituelle ; il n’y aurait eu aucune émancipation d’esprits hors l’immensité ; il n’y aurait eu aucune création de borne divine, soit surcéleste, soit céleste, soit terrestre, ni d’esprits envoyés pour actionner dans les différentes parties de la création (…) les esprits mineurs ternaires n’auraient jamais quitté la place qu’ils occupaient dans l’immensité divine, pour opérer la formation d’un univers matériel. » (Traité, 237). […]

Le monde matériel n’est donc pas du tout chez Martinès le fruit d’un « don » de Dieu créé par gratuité, lui ayant fait dire après les six jours que « tout cela était bon », mais il s’est au contraire imposé à Dieu par « nécessité » afin d’enserrer les démons, puis l’homme à son tour, dans une « prison de matière » : « Il faut vous convaincre que la matière première ne fut conçue par l’esprit bon que pour contenir et assujettir l’esprit mauvais dans un état de privation et que véritablement cette matière première, conçue et enfantée par l’esprit et non émanée de lui, n’avait été engendrée que pour être à la seule disposition des démons. » (Traité, 274.)

[…] L’ontologie interne du Traité de Martinès est celle-ci :  l’Univers physique matériel édifié par ordre du Créateur par des « esprits inférieurs producteurs des trois essences spiritueuses d’où sont provenues toutes les formes corporelles » (Traité, 256), répond à une « nécessité » – Jean-Baptiste Willermoz parle lui d’une « violence » qu’il désigne sous le nom de « cause occasionnelle » ayant « déterminé » le Créateur, non par l’effet de sa libre volonté et par l’exercice du don gratuit de son amour, mais par « une cause opposée à son Unité éternelle » (cf. Instructions secrètes) -, qui fut imposée à Dieu, car cet Univers eut pour fonction de placer en privation les esprits pervers : « univers physique en apparence de forme matérielle, pour être le lieu fixe où ces esprits pervers auraient à agir et à exercer en privation toute leur malice. » (Traité, 6). » [8]

III. Un ouvrage empli de digressions personnelles théologico-religieuses  lassantes et maladroites relevant de la fiction littéraire

Ainsi donc, les lecteurs qui chercheront désespérément les allusions à ces passages explicites du Traité, et les explications cohérentes de la doctrine qui devraient normalement les accompagner, retrouveront, non seulement dans ce premier chapitre du livre de Dominique Vergnolle, pourtant consacré à la notion de « nécessité » qui évacue purement et simplement le sujet au profit d’un paralogisme de déviation sur l’immutabilité oubliant que l’expression « faire force de lois » signifie selon le dictionnaire « une contrainte exercée pour obtenir un résultat », mais aussi tout au long des pages qui suivent (pp. 45-235), des digressions personnelles lassantes et maladroites qui relèvent à la fois de la fiction littéraire, de considérations théologico-religieuses et d’une reconstruction romancée de la doctrine martinésienne, et souvent même de regrets, réitérés à plusieurs endroits, de ne pas voir Martinès abonder dans le sens que voudrait retrouver Vergnolle sous la plume de l’auteur du Traité, confessant par exemple ceci, lorsque trouvant de la « nécessité » et de la plus belle eau dans le passage 42 du Traité où les termes « forcé » et « obligé » sont difficilement contestables, ce qui vaut plus que de longs discours : « Les expressions « forcé » et « obligé à », relativement à l’action divine, ne peuvent être acceptées du point de vue judéo-chrétien ou chrétien. Elles paraissent montrer que Martinès ignore ou rejette le principe d’amour divin infini et immuable inscrit en Lui […] nous ne pouvons pas accepter qu’il soit dit que cette volonté, contraire à celle du Créateur, força ou obligea Dieu à quoi que ce soit […] seul l’amour immuable guide son action. Et ceci Martines ne le dit jamais ce qui est fort regrettable. » (pp. 41-42).

Certes c’est fort regrettable, mais telle est bien la pensée de Martinès, une pensée fondée et établie incontestablement sur la notion de « nécessité » contrainte dans l’oeuvre de Création de l’Éternel, alors que faire ?

Amender cette doctrine, la corriger, « puisqu’enrichir n’est pas trahir » selon celui qui est « le Christ dans l’Ordre » (sic) d’après Dominique Vergnolle ?! [9]

Toute cette posture n’est pas sérieuse et montre l’impasse criante et les immenses difficultés face auxquelles se trouvent confrontés Vergnolle et ses « amis ».

Il est en conséquence inutile de se pencher sur les multiples erreurs contenues dans les thèmes successifs abordés dans la première partie de son livre par Dominique Vergnolle : le monde des émanations, la problématique trinitaire, l’image et la ressemblance, Houva et Ève, la création glorieuse, la réintégration universelle, la spiritualisation de la chair, l’incarnation et la passion [sans majuscules dans le texte !] du Christ, puisque tous sont frappés du vice rédhibitoire premier en quoi consiste la singulière méconnaissance de l’ontologie martinésienne de la « Création nécessaire », qui rend absolument impossible une approche authentique de la doctrine de Martinès de Pasqually.

Nous ne nous y arrêterons donc pas car cela serait une perte de temps, dans la mesure où, outre que l’égarement spirituel est largement consommé aujourd’hui, comme il est bien connu en philosophie : des prémisses fausses ne peuvent conduire qu’à des conclusions inexactes.

IV. Bassesse des critiques à l’encontre de Louis-Claude de Saint-Martin

Si la deuxième partie de l’ouvrage est descriptive et historique, n’apportant rien de bien neuf sur ce que l’on sait déjà de l’organisation des grades coëns, la troisième partie se distingue par un vibrant plaidoyer en faveur des « opérations » de théurgie. Le contraire eut étonné. Mais là où les « choses » se compliquent, c’est lorsque le martinésien chrétien prétend qu’il n’y a pas de contradiction entre la « voie externe » préconisée par Martinès et celle, « interne », dont Louis-Claude de Saint-Martin défendit le caractère essentiel, nous invitant à dépasser les  «oppositions » qui seraient affaire de polémistes (p. 291) : « Cette question concerne encore aujourd’hui les critiques de certains saint-martinistes [i.e. les analyses de J.-M. Vivenza] envers les pratiques Coëns… » (p. 284) ; « Il est curieux et désappointant de voir comment ce débat est encore parfois relancé…Malheureusement, nous entendons encore trop souvent des critiques de certains martinistes qui semblent désirer poursuivre de nos jours cette controverse du XVIIIe siècle. Ces critiques portent encore sur la forme même et l’inspiration des rituels Coëns et ils vont jusqu’à qualifier ceux-ci de magiques dans le sens le plus vil du terme. » (pp. 286-287).

Or, que cela plaise ou non, la controverse ne se limite pas au XVIIIe siècle et concerne toutes les époques car, à chaque génération dans ce monde, les âmes se précipitent dans les mêmes pièges tendus par l’adversaire de l’homme.

Ainsi, en guise de « dépassement des oppositions », est sévèrement attaquée la position de Saint-Martin, qui mit grandement en garde à l’égard des pratiques théurgiques qu’il jugea « inutiles et dangereuses », dans le chapitre « Une tentative de réforme de l’Ordre en 1777… » (pp. 277-291), la position du Philosophe Inconnu étant décrite de façon dépréciative : « Saint-Martin a préjugé des moyens qui étaient utiles ou inutiles aux frères » (p. 286) ; « en surestimant les forces des frères par une exigence trop importante, en leur imposant  une voie guidée par une sensibilité qui n’était pas la leur, il finit par détourner les hommes de leur but … » (ibid.) ; « ainsi, comme souvent, le Malin pave ses routes de bonnes intentions » (Ibid.), etc., ces amabilités ayant déjà été formulées par Dominique Vergnolle, alias  Esh à l’époque, sur son blog, puisque Saint-Martin y était déjà présenté comme un « piétiste », « mystique », etc., essayant d’esquiver la difficulté en prétendant que toutes les voies sont acceptables puisque autorisées par la « Providence » : « les voies qui mènent à la réconciliation et à l’illumination sont nombreuses et sont le fruit de la divine Providence » (sic)…ce qui est, du point de vue spirituel, une positions absolument fausse et radicalement inexacte, toutes les voies n’étant pas identiquement admissibles ni également saintes pour accéder au Ciel, loin de là et bien au contraire, l’ensemble de l’Histoire de l’humanité témoignant suffisamment des tragiques égarements  dans lesquels se sont fourvoyées des multitudes d’âmes abusées par les trompeuses illusions largement répandues par l’adversaire de Dieu !

V. Des critères théologiques et dogmatiques imposés qui auraient interdit à Martinès de Pasqually de franchir la porte du temple !

La conclusion, précédée d’un rappel de ce que se doit d’admettre un chrétien : « croyance en la Sainte Trinité » ; « affirmation de la double nature du Christ » ; « reconnaissance de la résurrection des morts » (p. 399) critères qui auraient, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes, empêché Martinès de Pasqually d’être admis dans les structures présidées par le martinésien chrétien et ses proches, s’achève par l’invitation à « opérer » à partir de la « Résurgence » de 1942 / 1943.

a) Absence de valeur initiatique de la prétendue « Résurgence » des coëns de 1942 / 1943

Le problème et il n’est pas nouveau, hélas, pour Dominique Vergnolle qui fait l’aveugle volontaire sur le sujet – mais il n’est pas le seul parmi ses « amis » néo-coëns dans cette situation délicate – puisque, comme il est connu, Robert Amadou (+ 2006), que tous regardent comme la référence et leur « maître », les années avançant, étant devenu de plus en plus critique et réservé sur la valeur de la prétendue « Résurgence » qu’il ne se privait pas de désigner ouvertement en privé comme ayant été « une erreur et un échec » (sic), se refusa de transmettre quoi que ce soit à tout ce gentil petit monde, laissant ces braves néo-martinésiens dans une disette complète au niveau des initiations.

b) Les groupuscules néo-coëns et leurs sources initiatiques fictives et occultistes 

De la sorte, et avant même le retour au ciel de Robert Amadou, initiative qui ne fut d’ailleurs pas du tout de son goût, et afin de pouvoir « opérer » et pratiquer les cérémonies partiellement retranscrites des rituels coëns, ce petit noyau néo-coën – pour le tandem Caillet / Vergnolle uni par une dévotion envers Robert Amadou (sur laquelle il y aurait beaucoup à dire d’ailleurs mais passons…) – est allé chercher, pour l’un des protagonistes, des certifications fictives dénuées de valeur initiatique auprès du successeur de Robert Ambelain (+ 1997) en Italie, Yvan Mosca (+ 2005) dit « Hermete » », de confession juive, athée, plus qu’hostile vis-à-vis du christianisme, et dont la qualification de « Grand Souverain » n’était qu’administrative expliquant pourquoi sa première initiative sitôt nommé fut de mettre en sommeil la « Résurgence » par décision arrêtée le 14 août 1968, se contentant ensuite, jusqu’à sa disparition, de conférer, de temps à autre, des grades dans des conditions folkloriques teintées d’un vague cadre hébraïsant dénué de toute validité, ou, pour l’autre, accepter de recevoir une charge et un titre, certes imaginaires mais fortement infectés d’occultisme provenant de l’O.M.S. du Brésil, structure liée à une foule de groupes douteux dont plusieurs positivement lucifériens (WICCA, Ordre du Lys et de l’Aigle, Golden Dawn, etc.), ces deux branches se revendiquant de Robert Amadou, s’étant d’ailleurs sans doute croisées par consanguinité au fil des années à la faveur des échanges de bons procédés entre néo-coëns.

Quant aux autres groupuscules et chapelles néo-coëns fonctionnant de part et d’autres, à distance ou proximité des sphères maçonniques, plus ou moins discrets mais tout autant illégitimes et dénués de validité initiatique, leurs sources, singulièrement illusoires et occultistes, proviennent soit d’Yvan Mosca, soit, toujours via Robert Ambelain, des lignées issues de Louis Bentin (+ 2003) ; René Chambellant (+ 1993) ;  André Mauer (+ 2003) ; Joël Duez ; etc.

Conclusion

Pour conclure, la stratégie de D. Vergnolle, comparable à celle de J-F Var, se résume – après s’être rendu-compte que la défense de l’orthodoxie dogmatique dont ils se sont faits les zélés missionnaires transformant peu à peu le Grand Prieuré des Gaules en une authentique chapelle confessionnelle à tendance sectaire [10], était contredite par les thèses martinésiennes présentes au sein du Régime rectifié, et que, de plus, les mêmes personnages s’étaient mis en tête de recevoir des transmissions douteuses pour constituer un groupuscule coën sous le nom « d’Ordre de Josué » (dans lequel on créa même un titre de « Souverain » (sic) dans des conditions ahurissantes que l’on préfère passer sous silence par charité fraternelle) -, à avoir compris qu’ils ne se sortiraient de cette position difficile qu’en tentant une autojustification par la prétendue compatibilité de l’enseignement ecclésial avec la doctrine de Pasqually, stratégie qui fait l’objet des publications et interventions des deux compères qui se trouvent dans une position délicate face aux évidences.

Une chose est certaine, toutes les structures néo-coëns actuelles participent des difficultés évoquées, d’où une certaine solidarité qui s’est manifestée par l’empressement, ici et là dès sa sortie, à louer la publication de D. Vergnolle, car faute de disposer des qualifications initiatiques nécessaires, ces personnages se trompent en trompant les naïfs qui se laissent abuser par leur discours, aveugles volontaires conduisant d’autres aveugles ignorants, triste situation il faut bien l’avouer qui ne fait que perdurer depuis la constitution hasardeuse de cette pseudo Résurgence des coëns de 1942 / 1943. [11]

On le constate donc, toutes les voies, contrairement à ce qu’écrit Esh, ne sont pas « providentielles » et ne mènent pas à Dieu, car beaucoup conduisent souvent directement à son adversaire et à ses légions, surtout celles de l’occultisme magique avec ses « ex-conjurations » périlleuses, célébrations d’holocaustes, crémations d’organes animaux enfumées de poudres psychotropes et autres rituels délirants où sont convoqués les démons et leur Prince, pratiques théurgiques fortement condamnées par l’Église et désignées, à juste titre, « d’inutiles » et « dangereuses » par Louis-Claude de Saint-Martin, qui était bien placé pour en parler et autrement qualifié spirituellement que les néo-coëns contemporains pour en définir la nature, désignant ce « remplacement » selon son expression [12], comme étant une voie trompeuse traversée par le « principe des ténèbres », et qui ne se priva pas – comme nous le considérons à son exemple « nécessaire » -, de le faire savoir sans ménagements particuliers au titre du « devoir de vérité » :

« Parmi ces voies secrètes et dangereuses, dont le principe des ténèbres profite pour nous égarer nous pouvons nous dispenser de placer toutes ces extraordinaires manifestations, dont tous les siècles ont été inondés et qui ne nous frapperaient pas tant, si nous n’avions pas perdu le vrai caractère de notre être et surtout si nous possédions mieux les anales spirituelles de notre histoire, depuis l’origine des choses. Dans tous les temps, la plupart des voies ont commencé à s’ouvrir dans la bonne foi et sans aucune espèce de mauvais dessein de la part de ceux à qui elles se faisaient connaître. Mais faute de rencontrer, dans ces hommes favorisés, la prudence du serpent avec l’innocence de la colombe, elles y ont opéré plutôt l’enthousiasme de l’inexpérience, que le sentiment à la fois sublime et profond de la sainte magnificence de leur Dieu ; et c’est alors que le principe des ténèbres est venu se mêler à ces voies et y produire cette innombrable multitude de combinaisons différentes et qui tendent toutes à obscurcir la simplicité de la lumière. » (L.-C. de Saint-Martin, Ecce Homo, § 4).

(*) Précision : Par-delà les indications spéciales dans le corps du texte ou en notes, les sources et éléments de références pour l’écriture de cet article (l’usage des guillemets n’ayant pas toujours été respecté), proviennent des ouvrages de Jean-Marc Vivenza.  

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Ouvrages cités :

           2012 - La Doctrine de la réintégration des êtres                                                 Sans titre 1

                         J.-M. Vivenza                                                                  D. Vergnolle

La doctrine de la réintégration des êtres                     Martines de Pasqually et les élus coëns

La Pierre Philosophale, 2012 (4e édition 2014).                    Editions de la Tarente, 2019.

Notes.

1 – Le discours hagiographique portant sur la Résurgence coën de 1942 / 1943, est le « marqueur » habituel des propos de Serge Caillet qui, étrangement, écarte systématiquement d’un revers de main chaque fois que l’occasion lui en est donnée, l’initiative du premier réveil des coëns réalisé par Jean Bricaud (+ 1934), qualifiant la filiation utilisée pour ce « réveil » « d’illusoire » (D. Vergnolle, op.cit., p. 13), alors que contrairement à la Résurgence Lagrèze / Ambelain – dénuée objectivement de toute validité puisque l’on sait que Lagrèze, qui a menti sur ce sujet, n’avait jamais été admis au sein de la classe non-ostensible du Régime écossais rectifié – Bricaud put s’appuyer au contraire, sur la Grande Profession que reçut Édouard Blitz (+ 1915) du Collège de Genève. Bien évidemment le but de ce discours répété en boucle et jusqu’à plus soif, étant de tenter de conférer un semblant de pseudo légitimité à cette entreprise rocambolesque que fut la Résurgence de 1942 / 1943, dont se revendiquent et à laquelle se rattachent Serge Caillet et ses « amis », et dont la lecture des deux premiers motifs fantaisistes inscrits dans la Charte de reconstitution des « coëns », laisse absolument rêveur sur la valeur de cette authentique farce relevant objectivement de la supercherie initiatique :

« 1°) La reprise des grandes opérations théurgiques pour le bien de la collectivité humaine. 2°) La purification régulière de l’Aura terrestre et faire échec aux courants maléfiques issus du Cône d’Ombre et manipulé intentionnellement par ses satellites

Cf. Charte de reconstitution et de Réveil de 1943, Points 1 & 2.

2 – D. Clairembault, Notes de lecture, 15 septembre 2019.

3 –  D. Vergnolle, ceci a son importance, s’engagea avec un zèle consommé dans la campagne en dénonciation du Porte-parole officiel du Grand Prieuré des Gaules au motif de prétendues « déviances doctrinales », ayant concouru avec l’ex Grand-Aumônier aux déclarations prononcées sur l’intangibilité du « dogme » (cf. Discours saint Michel 2012, Cahiers Verts n° 7, 2012, pp. 14-15) qui entraînèrent la rupture et la constitution du Directoire National Rectifié de France-Grand Directoire des Gaules en décembre 2012. Il est par ailleurs l’auteur d’une péroraison mémorable introduisant du « droit divin » en franc-maçonnerie, publiée dans les Cahiers Verts, dans laquelle il désignait le Grand Maître de son obédience multi-ritualiste coiffée d’une Aumônerie, comme le « représentant du Christ en ce monde » : « (…) il est le digne représentant du Christ dans l’Ordre. (…) En servant l’Ordre et son Grand Maître ou ses représentants et lieutenants, nous servons le Christ.» (Cf. D. Vergnolle, Ordre et obédience, Cahiers Verts n° 8, 2013, p. 31).

4 – Dominique Clairembault dans son compte-rendu du livre de D. Vergnolle fait justement remarquer : « Nous avons été surpris à ce propos de ne pas trouver de références aux travaux d’autres auteurs, par exemple ceux de Jean-Marc Vivenza, qui aborde ces thèmes, ou à des études récentes sur les origines du christianisme […] Plus qu’au judéochristianisme, c’est à la théosophie chrétienne que se rattache la doctrine des Élus coëns. » (D. Clairembault, op.cit.).

5 – Esh, Une bien curieuse mise en garde, dimanche 21 octobre 2012.

6 – On sourira de voir Serge Caillet, que l’on a cependant connu plus inspiré, décerner un brevet d’autorité dans la connaissance de la doctrine à Dominique Vergnolle avec une belle dose de flagornerie bien appuyée : « Nourri d’une connaissance sûre de la doctrine de la réintégration […] ce m’est une joie de garantir aujourd’hui l’autorité du guide. » (p. 22).

7 – Alain Marbœuf a bien perçu la difficulté à cet égard, et constate une évidente proximité des positions de Martinès avec les thèses gnostiques de Valentin. (Cf. A. Marbeuf, Martinès de Pasqually et La Gnose valentinienne, The Rose+Croix Journal, vol. 5, 2008).

8 – J.-M. Vivenza, La doctrine de la réintégration des êtres, La Pierre Philosophale, 2013, pp. 67-70.

9 – Bruno Abardenti, Discours saint Michel 2013, Cahiers Verts n° 8.

10 – Il n’est pas anodin de relever la dédicace du livre de D. Vergnolle ainsi rédigée : « À Daniel Fontaine auquel je dois la découverte d’un monde (…) ma reconnaissance ne lui sera jamais assez fortement témoignée » (p. 7), sachant que le dit Daniel Fontaine, lorsqu’il était Grand Maître du Grand Prieuré des Gaules, est tout de même à l’origine d’une forgerie incroyable, puisque ayant cru bon de fabriquer une pseudo Grande Profession de son invention soi-disant de « transmission russe » (Cf. J.-M. Vivenza, Histoire du Régime Ecossais Rectifié des origines à nos jours, La Pierre Philosophale, 2017, pp. 292-295), ceci tendant à démontrer que la création de « contrefaçons » initiatiques semble, apparemment, être une spécialité de cette obédience.

11 – Dominique Vergnolle se veut conciliant et aimable dans son ouvrage, mais il participa, beaucoup s’en souviennent, à la véritable guerre idéologique qui s’est déclenchée au Grand Prieuré des Gaules en 2012, dont les détails sont exposés dans le chapitre XII de l’Histoire du Régime Ecossais Rectifié des origines à nos jours, op.cit., pp. 329-361, et où l’on trouve un écho à l’activité des néo-coëns : « Un débat tranché depuis plusieurs mois, agitait énormément les mêmes esprits, débat qui portait sur la question du degré de validité à accorder à la transmission de Robert Ambelain, via l’O.M.S. et ses discutables, plus qu’occultistes et singulièrement « douteux » rameaux néo-coëns londoniens et brésiliens, transmission issue de la « Résurgence » de 1942, sur laquelle certains avaient cru bon de s’appuyer pour conférer des grades et titulatures, dont celle de « Souverain » […] ceci à l’intérieur d’un « Ordre » dit de « Josué », situé à la proximité immédiate du G.P.D.G. et, ce qui ne manque pas de « sel », si l’on peut dire, et d’être singulièrement paradoxal, de l’Aumônerie nationale et son Grand Aumônier, se revendiquant d’une « bénédiction » (sic), en forme d’unique, et d’assez fragile et limité témoignage d’encouragement de Robert Amadou, à poursuivre la soi-disant nécessaire « opération » de « christianisation » des coëns, qui se révélait être en pratique, et très concrètement, qu’une hasardeuse et improbable tentative d’adaptation, évidemment rendue impossible de par la nature singulièrement « hétérodoxe » des positions théoriques de Martinès, de la doctrine martinésienne avec la « Foi commune » de l’Église. » (Cf. J.-M. Vivenza, Histoire du Régime Ecossais Rectifié des origines à nos jours, op.cit., p. 333).

12 – « Je ne regarde tout ce qui tient à ces voies extérieures que comme les préludes de notre œuvre, car notre être, étant central, doit trouver dans le centre où il est né tous les secours nécessaires à son existence […] cette voie extérieure ne m’a pas autrement séduit, même dans ma plus grande jeunesse ; car c’est à l’âge de vingt-trois ans que l’on m’avait tout ouvert sur cela aussi, au milieu de choses si attrayantes pour d’autres, au milieu des moyens, des formules et des préparatifs de tout genre, auxquels on nous livrait, il m’est arrivé plusieurs fois de dire à notre maître : Comment, maître, il faut tout cela pour prier le bon Dieu ? et la preuve que tout cela n’était que du remplacement, c’est que le maître nous répondait : Il faut bien se contenter de ce que l’on a […] il n’y a que la vertu centrale qui s’étend dans tout l’empire… » (L.-C. de Saint-Martin, Lettre à Nicolas Antoine Kirchberger, 12 juillet 1792, publiée par MM. Schauer et Alp.Chuquet, in Correspondance inédite de Louis-Claude de Saint-Martin, Paris, Dentu, 1862, p. 15).

 

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